world's finest kebab

Afghanistan. 2010. Dans un contexte sécuritaire extrêmement dégradé, tous les militaires de l'international sécurity assistance force ne sortent de leurs camps retranchés que pour effectuer des patrouilles sous armures dans les campagnes du pays...  

Tous?  Non.. Un irréductible mangeur de kebab français et un soldat de l'armée napoléonienne surprennent, et sillonnent quotidiennement un village de Kapisa pour aller à la rencontre du peuple afghan; ils ont déposé leurs fusils d'assaut et leurs gilets lourds,  armés simplement de leur curiosité (et un pistolet automatique quand même!), à travers le truchement et les conseils bienveillants de Farhad, un interprète exceptionnel.

Cette ouverture d'esprit, dans ce pays où l'on a peu mais où l'on donne beaucoup, m'a ouvert les portes du principal restaurant du bourg; cela ne s'est pas fait en un jour bien sûr, mais au fil de mes visites désintéressées, j'ai été accueilli avec une hospitalité extraordinaire et commune à tout le peuple afghan, afin de participer à la découpe de la viande et à la préparation des brochettes. Cette viande provenait des moutons que l'on voyait pêtre non loin du terrain de football où les écoliers transpiraient dans leurs uniformes à la pause déjeuner. Crue, cette viande juste découpée était déjà délicieuse; cuite directement sur la flamme, elle devenait succulente.

Cependant la qualité de la viande n'est rien si le pain qui l'enrobe ne peut soutenir sa qualité gustative. Et c'est à la boulangerie du commissariat principal, que nos voisins et amis boulangers/policiers fabriquaient ce pain cuit sur les parois du four en terre et enterré. Toujours bien cuit, fumé, à la fois moelleux et croustillant, il constituait la robe idéale du sandwich le plus orgasmique que j'ai eu l'occasion de manger!

Enfin, s'il demeure encore aujourd'hui MON meilleur kebab du Monde, c'est indiscutablement grâce à la convivialité, à la complicité et à l'insouciance qui acompagnaient chaque dégustation et instant de palabres. Je n'ai jamais été à ce point en paix que dans ce pays en guerre.

Hamid K.